

"Malheureusement, l’un des inconvénients du poste de pasteur est celui de devoir être parfait ! Tout du moins, c’est ce que je crois. Dans ma conception des choses, il m’est impensable de faire tomber le masque et même de prendre conscience de la réalité de ma situation. Je me retrouve donc seul face à ma misère, prisonnier de mon orgueil et des faux-semblants, empêtré dans un cercle vicieux. Et c’est ainsi que dans l’indifférence générale, je me consume intérieurement.
Ce culte de la performance et cette soif d’être le pasteur qui changerait l’Église m’enferment dans un système complètement erroné. À force de bâtir ma vie sur ma cote de popularité et l’admiration des chrétiens que je suis amené à rencontrer dans mon ministère, je commence à les classer en catégories d’admirateurs : les bons et les mauvais chrétiens selon le degré de satisfaction qu’ils m’ont témoigné.
D’autre part, je m’érige souvent en exemple dans les prédications que je donne, ou tout du moins, je place ma perception des choses comme l’unique modèle à suivre, renforçant de façon inconsciente le culte de la personne et la starification dans le milieu chrétien. En contribuant à cette étroitesse d’esprit et à la mise en avant d’un modèle unique de vie spirituelle, j’encourage l’esprit de compétition entre pasteurs: la tentation de réaliser une louange plus puissante ou une prédication plus impactante que celle du voisin. Cette vision des choses focalise notre attention sur la meilleure performance, la meilleure prédication, le meilleur chant. Il faut « performer » plus que les autres pour gagner plus d’âmes à Dieu, connaître la plus grande croissance d’église. Il me faut trouver le petit truc que les autres n’ont pas et qui prouvera que je suis le meilleur. Je dois marquer une différence afin de créer une préférence. Tous ensemble pour le Royaume de Dieu, certes, mais moi avant tout le monde. Pour moi, tout tourne autour de l’estrade, autour de la volonté d’impressionner, de se réaliser sur la plateforme, d’exister à travers l’admiration que l’on me porte. Je suis davantage préoccupé par la qualité de ma prestation que par l’auditeur en proie à une situation difficile.
En partenariat avec les éditions Première Partie.
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