Le long silence

Le long silence

Dans le cadre du cours de Sotériologie, enseigné par le pasteur Daniel Loignon à l’Institut Biblique du Québec, j’ai pu lire le livre « La croix de Jésus-Christ », de John Stott *. Cet ouvrage est une présentation magistrale de la croix et ses différents aspects sont analysés un à un à la lumière des enseignements de Jésus et de ses apôtres : les raisons de la mort de Jésus, son sens profond, ses résultats et son écho dans nos vies.

Dans un chapitre sur les souffrances de Christ, John Stott écrit : « Le seul Dieu en qui je crois est celui que Nietzsche à tourné en dérision en le surnommant Dieu sur la croix. Dans notre monde de souffrance, comment pourrait-on adorer un Dieu qui en aurait été exempt ? […] À la lumière des souffrances de Christ, les nôtres sont plus faciles à accepter ».
Puis il cite P. T. Forsyth : « La croix de Christ… est le seul moyen dont Dieu dispose pour se justifier dans un monde tel que le nôtre ».

Stott conclue son chapitre avec une illustration intitulée « The long silence », qui parle d’elle-même. Je souhaite que vous soyez touchés autant que je l’ai été en lisant ce texte.

À la fin des temps, des milliards d'êtres humains furent rassemblés sur une immense plaine devant le trône de Dieu.

Devant la lumière aveuglante qui émane du trône, la plupart reculent. À l'avant de cette multitude, il y a cependant quelques groupes de personnes qui mènent des discussions animées et quelques peu arrogantes. « Comment Dieu peut-il nous juger ? Que sait-il, lui des souffrances que nous avons endurées ? » s'écrie hargneusement une jeune fille brune aussi jolie que décidée. Et tout en parlant, elle remonte une de ses manches pour laisser apparaître un numéro que les nazis avaient tatoué sur son bras. « Nous, nous avons subi l'horreur des camps… les coups… la torture… la mort ! »

Dans un autre groupe, un jeune garçon noir dégage son encolure. « Et cela, qu'est-ce que c'est ? », demande-t-il en montrant la brûlure provoquée par une corde. « Lynché… Non pour avoir commis un crime, mais tout simplement pour être né noir ! »

Ailleurs encore, c'est une écolière, toute jeune encore et déjà enceinte, qui s'insurge. « Pourquoi devrais-je souffrir, murmure-t-elle avec tristesse, ce n'était pas de ma faute ! »

Des centaines de groupes identiques à ceux-ci s'étaient formés. Chacun avait des raisons pour s'en prendre à Dieu qui avait permis le mal et la souffrance dans ce monde. Ah! Qu'il devait être heureux, Dieu, de vivre au ciel, où tout était harmonie et lumière, où il n'y avait jamais ni larmes, ni plaintes, ni craintes, ni famine, ni haine ! Que savait-il donc de tout ce que les hommes doivent subir ? Ne vivait-il pas dans sa tour d'ivoire, loin des troubles, de l'agitation et des tourments ? Voilà ce que se disaient les hommes dans la plaine.

Chaque groupe désigna pour exposer son point de vue, celui de ses membres qui avait le plus souffert. Un juif, un nègre, une victime d'Hiroshima, un arthritique atrocement déformé et un enfant victime de la thalidomide**. Là, au centre de la plaine, les délégués réunis dressèrent une liste des revendications qu'ils allaient proposer à la multitude avant de les soumettre à Dieu. Ils avaient mûrement réfléchi et leurs délibérations aboutirent à des propositions tout à fait valables.

Pour que Dieu soit reconnu comme juge qualifié pour juger leur cause, il fallait qu'il subisse toutes les épreuves qu'ils avaient endurées eux-mêmes. Ils proposèrent donc que Dieu soit condamné à vivre sur terre – comme un homme !
« Qu'il naisse juif. Que la légitimité de sa naissance soit mise en doute ! Qu'on lui fournisse un travail si difficile que même ses proches le traiteront de fou lorsqu'il s'efforcera de l'accomplir. Qu'il sache ce que c'est que d'être trahi par ses amis intimes. Qu'il soit faussement jugé par un tribunal qui a des partis pris, et condamné par un juge lâche. Qu'il connaisse le goût de la torture.
Enfin, qu'il fasse l'expérience de la solitude la plus totale. Puis, qu'il passe par la mort, mais de manière à ce qu'il ne puisse subsister aucun doute quant à sa réalité. Que beaucoup de témoins s'en assurent.

Au fur et à mesure que les délégués énonçaient les différentes sanctions du verdict, la foule les ponctuait d'un murmure approbateur qui allait toutefois en decrescendo. À l'énoncé du dernier châtiment, ce fut le silence complet. Pas le moindre bruit. Pas le moindre mouvement. Car soudain chacun venait de réaliser que Dieu avait déjà subi cette condamnation. (Pages 336-338)

Que Dieu vous bénisse !

Franck Slowik

* Stott, John. La croix de Jésus-Christ. Bâle, Suisse : Éditions Brunnen Verlag, 1988.
** Remède tranquillisant retiré de la vente aujourd'hui, qui provoquait des malformation du fœtus lorsqu'il était transmit aux femmes.


Franck Slowik a obtenu son Certificat en Leadership en mai 2003. Il est actuellement en troisième année du baccalauréat en Théologie Pratique. Il est impliqué dans l'Association des étudiants de l’I.B.Q. ainsi que dans le département des soins pastoraux à l’Église Nouvelle Vie de Longueuil. Marié avec Camille et papa de Matthias, ils viennent tous les trois de Dax, France (40).

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2 commentaires
  • BENEDICTIONS Il y a 7 années, 6 mois

    OUI Dieu avait déjà subi cette condamnation . Voilà pourquoi il comprend nos souffrances et nous console . Quelques soient les épreuves par lesquelles nous pouvons passer , ayons les regards toujours fixés à la croix . J'avoue que c'est quelques fois facile à dire dire qu'à faire mais la vérité c'est notre seul recours c'est la croix de notre Seigneur Jésus Christ . Que Dieu nous aide et nous soutienne .
  • Charlotte Tshimenga Il y a 10 années

    Le juste juge. Il est juste et saint. Aucun jugement de la part des hommes ou du monde des ténèbres ne tiendra devant son jugement. Il est la justice et la sainteté.