Le chrétien face à la mondialisation : pour ou contre ? (première partie)

Le chrétien face à la mondialisation : pour ou contre ? (première partie)
Quelles réponses la Bible apporte-t-elle à notre monde actuel ? Quelles attitudes fondamentales les chrétiens peuvent-ils proposer dans notre société mondialisée et sans limites ? Parmi la multitude de principes énoncés dans la Parole de Dieu, retenons-en cinq qui constituent des repères très pertinents pour réfléchir… mais aussi pour agir!
1. L’être humain, une image de Dieu à restaurer
2. L'être humain, un intendant responsable de la création
3. Les principes et les lois bibliques
4. Amour et justice (à suivre)
5. Liberté individuelle et bien commun (à suivre)



1. L’être humain a été créé à l’image de Dieu.

Citons ce passage d’ Actes 17:28 : "Nous sommes aussi de sa race… "

Cette image, nous le savons, a été brisée par le péché. Notre objectif est de la restaurer dans son intégralité, même si nous savons que nous n’y arriverons pas parfaitement sur cette terre…

Or, quelle dignité dans la misère ? Quelle éthique peut-on appliquer lorsque la pauvreté et la souffrance sont extrêmes ?

Lutter contre la pauvreté revient donc à restaurer en partie cette dignité, à restaurer l'image de Dieu dans l'homme ; c'est en soi tout un projet éthique !



2. L’être humain s’est vu confier l’intendance responsable sur toute la création.

Selon la conception biblique de la création, nous ne sommes ni propriétaires (pour faire de la terre ce qui nous semble bon), ni de simples invités (qui profitent passivement mais n’interviennent pas dans les processus naturels).

Nous sommes appelés à "dominer" la terre, la "cultiver", la "garder", ou encore la "servir" (Genèse 2:15). Développer le potentiel que la terre recèle et veiller à ce qu’elle reste fertile sont deux aspects indissociables de cette intendance à l’égard de la planète.

Ce principe biblique très important est proche de ce qui a été nommé "développement durable", à savoir générer des richesses de telle sorte que nous léguions aux générations futures une planète qui n’ait pas été privée de sa capacité à donner et à entretenir la vie. Lorsque nous faillons à ce principe, les premières victimes des conséquences liées notamment au dérèglement climatique (famines, inondations, etc.) sont en général les populations les plus pauvres.



3. Les principes et les lois donnés dans la Bible au peuple de Dieu et rappelés par les prophètes sont nombreux.


Nous pensons parfois que ces lois adressées au peuple d'Israël pour protéger la veuve, l’orphelin et l’immigrant, sont très spécifiques et ne nous concernent pas aujourd’hui…

C'est faux ! Et ceci à deux égards :

Tout d’abord, la Parole de Dieu ne s’adresse pas seulement au peuple d’Israël. On peut ainsi lire dans Ezéchiel 16:49 que la condamnation de Sodome et Gomorrhe s'explique en partie par leur insouciance vis-à-vis des pauvres.
De même, en lisant les prophètes (par exemple Amos), on voit que les injonctions pour la justice étaient aussi données aux différentes nations qui environnaient Israël.

Même s'il faut d'abord envisager ces textes dans leur contexte historique, n'est-il pas intéressant, dans un deuxième temps, d’en extraire des principes applicables aujourd'hui ?

Un exemple caractéristique concerne l’annulation de la dette des pays les plus pauvres, ce qui a été l'un des moteurs de l’engagement du S.E.L. dans la campagne "Jubilé 2000" en 1999.

Il n’est pas dit dans l’Ecriture : "En l’an 2000, tu annuleras la dette des pays pauvres très endettés sur la liste de la Banque Mondiale". Par contre, il existe bien des textes (comme Néhémie 10:31) qui parlent de remise de la dette tous les 7 ans.

L'un des principes qui sous-tend ce précepte biblique d'annulation de la dette est que celle-ci, à un moment donné et sous certaines conditions, devient un réel esclavage et empêche tout développement. Cette remise à zéro de certains compteurs permet donc d'offrir de nouvelles possibilités de développement. Une règle encore valable aujourd'hui !

Il n’est donc pas étonnant que des organisations chrétiennes aient été à l’origine et le fer de lance de la campagne du "Jubilé 2000" pour l’annulation de la dette, fondée justement sur ces textes du jubilé. Bien sûr, il existe d’autres organisations qui auparavant tiraient aussi la sonnette d’alarme sur cette question de la dette. Mais si ce sujet a pris une telle ampleur, c'est bien parce que les chrétiens se sont réappropriés les textes de l'Ancien Testament, et les ont appliqués à une situation correspondant bien à la mise en pratique de ces préceptes bibliques.

Un autre principe que l’on retrouve tout au long de la Parole de Dieu est la redistribution des richesses et la justice ("La balance fausse est en horreur à l'Éternel", nous dit par exemple le Proverbe 11)

Comment appliquer ce principe aujourd’hui ?

En ce qui concerne les balances fausses, force est de constater la grande hypocrisie dont font preuve nos pays occidentaux par rapport à ces questions : nous nous plaignons avec certaines raisons du textile chinois qui envahit nos marchés, mais nous demandons en même temps aux autres pays de laisser leurs marchés ouverts pour nos propres produits !

Il arrive aussi que l’on subventionne nos produits afin qu’ils puissent mieux entrer chez les autres. Citons en exemple la situation dramatique des petits paysans du Chiapas, au Mexique : vivant de différentes cultures, notamment du maïs, ils ne peuvent plus poursuivre leur activité à cause de l’arrivée d'un maïs nord-américain subventionné et vendu moins cher que celui qu'ils produisent.

Pourquoi la rencontre de l'OMC à Caucun en 2003 a-t-elle échoué ? Entre autres, parce qu'un certain nombre de producteurs de coton des pays africains (des millions de personnes en vivent !) sont directement confrontés à la concurrence de producteurs américains, qui représentent quelques milliers de familles recevant de fortes subventions.

On pourrait multiplier les exemples à l’infini !

Certes, la question n'est pas simple : il ne faut pas négliger le fait que beaucoup d'agriculteurs, en France et dans d'autres pays, vivent justement de ces subventions… Mais en attendant, des millions de personnes vivant de l'agriculture dans les pays en développement sont concurrencés par nos produits agricoles subventionnés.

Il ne fait pas de doute que les textes bibliques sur les balances fausses s'appliquent, d'une manière générale à la protection des plus vulnérables, quels que soient l'époque et le contexte !

à suivre...
D’après le texte d’une conférence de Patrick Guiborat, directeur du SEL, au Congrès Européen d’Ethique - SEL

Vous avez aimé ? Partagez autour de vous !


Ce texte est la propriété du TopChrétien. Autorisation de diffusion autorisée en précisant la source. © 2022 - www.topchretien.com
3 commentaires
  • Jeremycharisma Il y a 14 années, 1 mois

    Le fait de reprendre des textes sur la nécessité d'aider s'avère être bien. Mais n'oublions pas que le terme mondialisation n'est pas perçu de la même manière par tout le monde. C'est dans le devoir du disciple de Christ de venir en aide à son prochain, chétien ou pas.Le texte des évangiles nous le dit:"j'ai eu faim, vous m'avez donné à manger;j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger et vous m'avez recueilli..."(Matthieu 25:35-36). Ainsi notre devoir en tant que chrétien c'est de pouvoir donner ce que l'on a. Quelque soit notre statut social, il y a quelqu'un qui a besoin de notre aide.S'il a faim, donne lui du pain; s'il a soif donne lui à boire.S'il lui manque de vêtement donne lui un de tes vêtements. Soyons pratique et n'ayons pas pour source les leaders de ce monde, mais Christ l'espérance de notre gloire.
  • geogui Il y a 14 années, 11 mois

    Il était bon de rappeler ces passages,mais en attendant,notre père nous demande,autant que cela nous est possible,de soulager la misère de nos semblables et de venir en aide à "la veuve et à l'orphelin"! N'est-ce pas,mon frère!
  • geogui Il y a 14 années, 11 mois

    On s'aperçoit bien, qu'il est difficile de faire admettre aux hommes,acteurs de la Mondialisation, de se conduire avec Amour.Ils en sont incapables ou du moins,il leur est difficile de le vivre ,dans leurs relations interpersonnelles!L'homme est égoïste par nature et nombre de ses théoriciens ne cessent d'exalter cette tendance comme" vertu première "de la réussite!Seul Dieu peut attendrir le coeur de ceux qui nous gouvernent!