Notre Père

Notre Père
Cher Pasteur,

Au fil de mes lectures d'anciennes revues chrétiennes norvégiennes, j'ai découvert une description particulièrement belle du Notre Père, et je voudrais aujourd'hui te la faire partager. J'aimerais toutefois préciser que je ne considère pas le Notre Père comme étant une prière destinée à être répétée à l'envi, comme si elle était une sorte de mantra chrétien. Les richesses qu'elle recèle ne méritent pas d'être galvaudées de la sorte.

Voici donc le texte de Frank W. Boreham :

Ceci est une merveilleuse prière, l'édifice spirituel d'un grand Maître ! Elle va de la terre jusqu'au ciel, et s'étend jusqu'en éternité. On a l'impression qu'elle commence tout près du lit d'un petit enfant : "Notre Père"PèrePÈRE ! Elle monte graduellement jusqu'à se trouver dans l'éclat de cette gloire qu'aucun être humain ne peut atteindre : "Car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire" . Puis, comme un fleuve qui se jette dans l'océan, elle s'abîme dans l'infini : "Aux siècles des siècles".

Dans cette prière, on a l'impression de rencontrer des gens de toutes sortes, de toutes classes et de toutes origines. Je suis saisi par un silence respectueux que m'inspire cette prière, et j'entends soudain le son de nombreuses voix. J'entends un enfant qui parle à son Père, un adorateur qui loue le saint nom, un patriote spirituel qui soupire après l'accroissement du royaume, un optimiste exprimant sa confiance qu'un jour la terre entière se courbera sous la volonté de Dieu, un pauvre qui demande du pain, un pécheur repentant qui demande pardon, et un pèlerin conscient d'être sur un chemin dangereux et demandant aide et délivrance.

Car ce qui est merveilleux dans cette prière, c'est qu'elle est la prière de tous. Le Maître l'enseigna à ses disciples ; elle était à eux , au chaleureux Pierre comme à l'aimable Jean, mais elle n'était pas seulement la leur. Elle est la prière des gens pieux, mais elle est aussi celle des misérables. Elle est la prière de l'homme attristé de la révolte de son propre cœur : "Notre père, que ta volonté soit faite ! Que ton règne vienne !". C'est la prière de ceux qui comprennent que leur cœur est souillé d'une fange qu'ils ne peuvent laver eux-mêmes : "Pardonne-nous nos offenses !", de ceux qui reculent d'effroi devant un épouvantable abîme, du pécheur qui craint de devenir un plus grand pécheur : "Délivre-nous du malin !".

Cette prière convient à tous. On l'entend, faible et imparfaite, dans le giron d'une mère ; on la perçoit au fond de la cellule d'un prisonnier désespéré. Dans le sanctuaire de cette prière, il y a place pour chacun de nous, une place que chacun de nous ressent comme la sienne. Car cette prière, c'est la prière de tous.

Le meilleur moyen, et le plus efficace pour se rendre compte de la valeur d'une chose quotidienne qui nous est devenue banale, c'est de nous imaginer de la perdre subitement. Qui pourrait se représenter le monde sans la prière du Seigneur — un monde où l'amour du Père ne se sentirait plus, où il n'existerait ni puissance divine, ni aide journalière, ni pardon gracieux ?

Plus d'amour paternel ! Plus rien de sanctifié ! Plus de puissance divine ! Plus de volonté parfaite qui se fasse sur la terre comme au ciel ! Plus d'aide quotidienne ! Plus de certitude glorieuse d'être pardonné ! Plus de main secourable ! Plus de délivrance du malin ! Plus de règne, de puissance ni de gloire !

Bien loin au fond d'une forêt nord-américaine, trois cents chefs indiens étaient rassemblés. Il est tôt le matin ; ils se sont mis en cercle autour d'un homme blanc solitaire, le missionnaire Egerton Young. Young leur parle de l'amour de Dieu, et la semence tombe dans un terreau fertile ; ces hommes n'ont jamais entendu quelque chose de semblable.

Lorsqu'il eut fini, plusieurs des chefs lui posèrent des questions. Le dernier à parler, raconte le missionnaire, était un vieil homme à l'allure farouche, avec de longs cheveux broussailleux ; il semblait plutôt agité.

"Missionnaire," dit-il, "mes cheveux, qui autrefois étaient aussi noirs que l'aile d'un corbeau, sont maintenant devenus blancs. Les cheveux gris de ma tête et mes petits-enfants dans mon wigwam me racontent que je suis devenu vieux et qu'il ne me reste plus longtemps à vivre. Cependant je n'ai jamais entendu quelque chose de comparable à ce que tu nous as raconté aujourd'hui. Mais, missionnaire, lorsqu'il y a quelques instants tu as parlé au Grand Esprit, je t'ai entendu dire : « Notre Père » ?"

Oui, répondit-il, "Notre Père qui est aux cieux".

"Ceci est tout à fait nouveau, et très réjouissant pour nous," poursuivit le vieux chef, les larmes dans les yeux. "Nous n'avons jamais pensé au Grand Esprit en tant que notre Père . Nous l'entendions dans le tonnerre ; nous le voyions dans l'éclair, dans le vent et dans la tempête de neige, et nous avions peur. Alors quand tu viens nous dire que le Grand Esprit est notre Père , c'est extrêmement réjouissant pour nous ! Et, missionnaire, n'as-tu pas dit que le Grand Esprit est ton Père ?"

"Oui, c'est exact !"

"… Et il est le Père des Indiens ?"

"Oui, parfaitement !"

"Alors nous sommes frères !" S'exclama le vieil Indien. Et Egerton Young ajoute que l'enthousiasme de toute l'assemblée fut si grand qu'en être témoin fut une expérience inoubliable. Et tous, d'une seule voix, le prièrent instamment de rester auprès d'eux pour leur expliquer davantage cette bonne nouvelle.

(Traduit du Norvégien par JCG. Bibelsk Tidskrift N° 2, 1969)

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