Ponts et clôtures

Ponts et clôtures

Cher Pasteur,

"Nous devons reconnaître que les clôtures ont eu une place prépondérante dans le Royaume de Dieu, et malheureusement souvent trop importantes", nous dit notre ami norvégien Egil Strand, dont j'aimerais une fois encore te faire partager les profondes pensées. Il poursuit :

Il est naturellement nécessaire de marquer nos frontières, car nous nous rassemblons autour de convictions qu'il nous semble un devoir sacré de défendre. Nous ne pouvons donc pas être d'accord avec ceux qui veulent faire tomber toutes les barrières ; qui pensent que nous devrions tous nous fondre en un seul grand magma fraternel, sans convictions particulières ; qu'une opinion en vaut une autre, pourvu que nous soyons sincères devant Dieu.

Il n'en était pas ainsi à l'aube du Christianisme. Ils avaient un saint héritage à préserver, et il était important que personne, une fois convaincu par ce qu'il comprenait de la parole de Dieu, ne reniât sa conviction. Il est évident que deux opinions qui se contredisent — que ce soit sur la doctrine ou la pratique — ne peuvent pas toutes deux être également correctes et agréables à Dieu.

Mais ce n'est pas là que se situe le problème des clôtures. Car il faut bien avouer que c'est une question difficile. Ce qui a fait que les barrières religieuses ont créé autant de conflits et de scandales ne réside pas en premier lieu dans la diversité d'opinions, mais dans le fait qu'il nous est si difficile de supporter — sans parler d'aimer — ceux qui ne sont pas d'accord avec nous. La difficulté se trouve dans l'état d'esprit. Et ce sont ces hautes et parfois infranchissables murailles entre les cœurs, qui nous empêchent d'être ce que nous devrions être : un seul cœur et une seule âme.

Nombreux sont ceux qui mettent trop l'accent sur ce qui nous sépare. Cela ne vaudrait-il pas la peine d'essayer de regarder dans une autre direction, et de rechercher plutôt ce qui nous unit ? Il existe, en fait, deux sortes de chrétiens : Ceux qui ne peuvent oublier ce qui les sépare des autres, et ceux qui se souviennent constamment de ce qui les unit aux autres. Ceux-là sont les bâtisseurs de ponts dans le royaume de Dieu. Ils recherchent tout ce qui peut servir à nous rassembler, à unir les cœurs disjoints. Quelle puissance serait la nôtre si nous étions tous de ceux-là !

Un naturaliste fort connu raconte qu'un jour, alors qu'il était dans un bois pour étudier la vie d'une race particulière de fourmis, il en aperçut tout un cortège. Elles étaient arrivées devant un tout petit ruisseau, dont le courant était bien trop fort pour le traverser à la nage. Bientôt il les vit en très peu de temps s'agripper l'une à l'autre, pour former un pont vivant. À l'aide du courant, elles réussirent à faire tourner ce "pont" jusqu'à l'autre rive. Elles restèrent ainsi posées sur l'eau, accrochées les unes aux autres, pendant que le reste des fourmis passaient sur le dos de leurs camarades. Une fois la troupe passée, elles manœuvrèrent pour ramener le "pont" de l'autre côté. Bien sûr, certaines furent emportées et se noyèrent, sacrifiant leur vie pour aider leurs congénères à franchir l'obstacle.

Si nous pouvions tirer une leçon de ces fourmis, et comprendre quelle force il y a à être soudés, dans une fidélité sans égoïsme, car nous sommes tous membres les uns des autres, ce serait une grande conquête. Notre impact extérieur ne serait-il pas considérablement renforcé si nous apprenions à bâtir des ponts, et même être une partie intégrante de tels ponts ?

Mais beaucoup d'entre nous aiment tellement leurs clôtures, et les défendent avec une telle âpreté, qu'une grande partie — bien trop grande, malheureusement — de leur temps et de leurs forces sont dépensées à les entretenir, avec chacune sa couleur et son particularisme, de sorte qu'il n'en reste guère pour autre chose !

Certes, de temps à autre on se serre la main par dessus la clôture, pensant qu'après tout on est tous de bons chrétiens, portant en soi l'édifiante pensée qu'un jour nous serons tous ensemble au ciel pour l'éternité !

(Extrait du livre "Salt og Balsam" du pasteur Egil Strand. Traduit du norvégien par JCG)

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1 commentaire
  • Marie Blanche Il y a 15 années, 5 mois

    je veux dire que le véritable problème c'est qu'on ne s'aime pas assez: chacun veut imposer ces principes, ses opinions or celui qui n'est pas contre nous est avec nous les principes et autres sont juste l'exaltation du moi.Seigneur donne-moi d'être celle qui oublie ce qui me sépare des autres et ne voir que ce qui nous unit afin d'être bâtisseur de ponts dans ton royaume au nom de Jésus. amen