Une parabole moderne : L'Esprit et la doctrine

Certain soir où je rentrais d'un cours de l'École Biblique de Filadelfia, à OSLO, par l'autorail de banlieue, confortablement installé tout à l'avant de la voiture devant la vitre panoramique, j'observai la marche de notre train, analysant les différents éléments qui tous participaient à l'heureuse issue de mon court voyage. La voiture elle-même me transportait. Les rails fidèles la guidaient dans sa course. L'électricité invisible lui communiquait son énergie. Et quel enchevêtrement d'aiguillages, étincelants sous l'éclat des phares ! Quelle voie choisir ? Sans hésitation aucune, le train prenait la bonne direction.

Et comme un trait de lumière, chaque détail prit tout à coup une signification symbolique, un merveilleux sens spirituel. L'autorail, c'était moi-même, un être créé, possédant en soi tout ce qui est nécessaire pour progresser vers un but. Mais où irait ce véhicule sans les rails de la Foi ? Ces rails sont là, mystérieux, aboutissant là-bas dans l'inconnu, mais combien rassurants par leur simple présence, malgré les nappes de brume ! Mais ces rails, comment tiennent-ils donc ensemble ? Sur d'innombrables traverses. Chaque traverse est un verset de la Sainte Écriture. Elle seule forme une base solide. Puis pour que rails et traverses ne fassent qu'un, il faut les tire-fond, ces énormes vis qui fraient leur chemin dans le bois dur des traverses. De même, c'est en étudiant l'Écriture, c'est en creusant en profondeur que notre foi s'affermit.

Au sommet d'une rampe, mes yeux furent attirés par une traînée brillante se détachant sur le ciel sombre, sous l'effet des projecteurs : la caténaire, ce fil qui communiquait au véhicule l'énergie électrique. Que ferions-nous sans elle ? C'était elle qui faisait ronfler les moteurs de notre train. Sans ce simple conducteur électrique, auquel je n'avais pas jusque-là prêté attention, tout le reste serait dérisoire. Traverses, tire-fond, rails, aiguillages, signaux, autorail même seraient inutiles. Sans la puissance du Saint-Esprit, le reste serait vain.

Mais en contrepartie, combien périlleux le voyage ne serait-il pas sur des rails de foi fixés çà et là, au hasard, sur les traverses de la Parole, avec un conducteur ignorant les signaux des circonstances, et avec les aiguillages de la doctrine dans n'importe quelle position ? Certes, le train avancerait, mû par la puissance d'en haut, mais avec combien de risques ! Et dans les Chemins de Fer, une loi domine toutes les autres : la sécurité.

Ainsi en est-il dans le Royaume de Dieu : l'équilibre entre l'Esprit et la doctrine est indispensable. La Parole sans l'Esprit mène au pharisaïsme et à la religion morte. L'Esprit sans la Parole mène au déséquilibre et au fanatisme.

(Rediffusion TL – Une parabole moderne - 682)