Le trébuchet du seigneur rouge.Chapitre9 LA FIN...

Le trébuchet du seigneur rouge.Chapitre9 LA FIN...

  • Oncle Tim, pourquoi as-tu écrit cette histoire?
  • Tu ne devines pas?
  • Pas vraiment, d'autant plus que je ne me reconnais pas dans le personnage que tu m'attribues.
  • Qu'est-ce que tu veux dire?
  • Que je ne suis pas comme tu le décris.
  • Ah, tu crois cela?
  • Oui!
  • Tu as peut-être raison, mais ce n'est pas le plus important.
  • Qu'est-ce qui est donc important?
  • Comment avez-vous été sauvés à la fin? Enfin, quand je dis vous, je parle de vos personnages.
  • Par la Bible.
  • Voilà où je veux en venir. Il n'y a que par la Bible que l'on peut s'en sortir et, même plus, que l'on peut avoir une vraie vie, une vie qui vaut la peine d'être vécue.
  • Je ne trouve pas que c'est un livre si intéressant que cela. C'est même assez barbant à lire, surtout dans l'Ancien Testament. Je me rappelle que quand j'étais petit on allait à l'école du dimanche et on nous obligeait à lire des versets de la Bible, à les retenir par cœur. Je n'en ai pas retenu grand chose si ce n'est des morceaux d'histoires parfois assez compliquées.
  • Pourtant tu as lu l'histoire que je t'ai donnée sans trop de difficultés, sans trouver cela trop barbant, à part peut-être, comme tu le dis, ta déception quant à la manière dont est présenté ton personnage.
  • Oui, mais il n'était pas question de la Bible avant la dernière page.
  • Tu te trompes!
  • Comment ça, je me trompe!
  • Il est vrai que j'ai un peu brouillé les cartes, mais les aventures de Joachim et de ses sœurs dans ce monde sont truffées d'allusions à des faits bibliques, à des évènements qui se sont véritablement passés et qui nous sont donné pour notre instruction mais aussi pour notre salut.
  • Tu essaies encore de m'embrouiller l'esprit, Oncle Tim. Où veux-tu en venir?
  • Écoute bien, Joachim, je vous aime tous, tes parents, tes sœurs et toi, et je suis triste que depuis quelques années vous n'alliez plus à l'église à la suite d'un malentendu qui aurait dû être rapidement aplani.
  • Quel malentendu?
  • Une dispute née d'une divergence de vues, mais, sur ce point, j'en parlerai, en tête-à-tête, à tes parents. Tu n'es pas concerné, enfin.. oui, indirectement. Cependant, ce n'est pas à toi de régler ce problème qui n'a que trop duré. Mon but, en écrivant cette aventure, c'est de te faire prendre goût à la lecture en général et à celle de la Bible en particulier. Je reviens à ce que je te disais. Ce que tu as trouvé intéressant dans ce roman, du moins j'aime à le croire vu que tu as lu ce long texte assez rapidement et tu es venu m'en parler tout aussi promptement, est une bien pauvre image de ce qu'il y a dans la Bible. D'ailleurs, rien de ce que j'aurais pu écrire ne peut concurrencer la vivante et permanente Parole de Dieu. Ma tentative, peut-être maladroite mais sincère, porte le sceau de l'imperfection humaine. Néanmoins, je ne regrette pas ce travail parce qu'il me donne l'occasion de t'ouvrir mon cœur et de t'inviter à puiser dans la Bible tout ce dont tu as et tu auras besoin.
  • Tu as fait tous ces efforts pour juste me parler de la Bible?
  • Oui.
  • Tout ça pour ça?
  • Oui, parce que cela en valait la peine.
  • Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé directement? Cela aurait été plus simple.
  • Tu m'aurais écouté comme tu le fais en cet instant? Réponds-moi franchement!
  • Non, tu as probablement raison. Maintenant, puisque tu dis que tu t'es basé sur la Bible pour écrire cette histoire, donne-moi des exemples et je verrai bien.
  • Commençons donc par le premier chapitre. Pour avoir outrepassé l'édit du roi, la ville a été conquise par l'ennemi. Il y avait pourtant un ordre précis, mais il n'a pas été respecté pour leur plus grand malheur. Remplace le roi par Dieu, l'édit par sa parole, ses commandements, l'ennemi par les gabaonites.
  • Les quoi?
  • Les gabaonites. C'était un peuple qui habitait autrefois en Canaan. Dieu avait décidé de chasser ce peuple et d'autres, à cause de leurs méchancetés, pour qu'Israël prenne possession du pays tout entier. Seulement, ces hommes étaient rusés. Ils sont donc venus voir Josué, qui était en quelque sorte le général des armées d'Israël, pour lui demander d'établir un pacte d'amitié, de non-agression, entre leurs deux peuples vu qu'ils prétendaient venir de très loin, d'au-delà des limites de la terre de Canaan. Ils mentaient! Ils avaient pris soin de porter de vieux habits et d'emporter avec eux du pain tout sec et moisi pour faire croire qu'ils avaient dû faire une longue route pour arriver jusqu'à Josué. C'est ainsi qu'ils firent alliance alors que Dieu avait ordonné de ne pas traiter avec les peuples de cette contrée. C'est là une tactique de notre ennemi à tous, le diable. Il essaie de nous attendrir, de nous faire désobéir à Dieu par toutes sortes de ruses. Il tente de nous faire dévier des ordonnances divines qui nous sont données pour notre protection et notre bénédiction.
  • C'était donc de la faute de Josué!
  • Pas seulement, pas seulement... il n'était pas seul. Beaucoup connaissaient la volonté de Dieu à cet égard et ils se sont également laissés influencer. Dans le livre de Josué, au chapitre neuf, il est écrit qu'ils n'interrogèrent pas Dieu pour savoir ce qu'il y avait lieu de faire. Ils ont préféré s'en référer à leur intelligence, à leur perspicacité, à leur discernement, et cela a conduit à ce que la tromperie réussisse. Dans l'histoire que j'ai écrite, tu peux lire, comme dans la vie en général, que les responsabilités sont partagées. Pour avoir désobéi, le capitaine provoqua sa perte, et, pire encore, il fut en partie responsable de la perte de bien des âmes. Toutefois, l’inconscience et la légèreté de cet officier ne furent pas les seules causes de ce grand désastre. Où était le conseiller des garnisons, alors que son rôle était d’épauler la garde en réaffirmant le caractère intransigeant du décret ? Et malgré son plus grand discernement, le soldat Neymia se montra faible en n’osant pas contrecarrer la décision de son supérieur. Il eut plus peur de son capitaine que de son Seigneur. C'est bien là un piège, comme nous le dit un proverbe. Quant aux soldats qui obéirent à l’ordre de leur officier, ils ne montrèrent pas plus d’opposition à ce qui était manifestement une infraction flagrante à la loi royale. Tous connaissaient l’édit, et pourtant ils n’empêchèrent pas la ruine de leur ville et de leur famille. Ainsi, ils contribuèrent tous d’une manière ou d’une autre à la défaite, soit par paresse, par crainte de l’homme, par inconscience du danger, par faiblesse de caractère, par manque de fermeté à la parole du roi, par raisonnement personnel. La Bible déclare solennellement, dans un autre proverbe, que celui qui garde ce qui est commandé garde son âme, mais que celui qui ne veille pas sur sa voie mourra. En ce qui concerne le soldat Neymia, j'ai fait, dans son cas, une allusion voilée à Néhémie qui, lui, a montré plus de sagesse et de fermeté que mon personnage. Tu trouveras cette histoire véridique dans le livre de la Bible qui porte son nom. C'était un homme de Dieu qui a vécu bien des siècles après Josué. Il a fait reconstruire la ville de Jérusalem dévastée par des armées étrangères à cause des désobéissances répétées du peuple envers Dieu. Mais là encore, il y avait des ennemis tapis dans l'ombre, pleins de ruses, d'envies de meurtres et de destructions. Plusieurs fois, ils ont essayé, en vain, de tromper Néhémie, de le faire mourir, d'arrêter la réparation des murailles de la ville, d'écraser tout espoir de relèvement pour le peuple d'Israël, mais, à chaque fois, Néhémie a tenu bon. Il n'a pas cru les mensonges et n'est pas tombé dans les pièges que ses opposants lui tendaient. De plus, il a pris soin de donner des consignes claires pour que les portes de la ville soient fermées à la tombée de la nuit, et ce pour ne pas permettre une attaque quand l'obscurité et la fatigue sont présentes. Tu peux vérifier tout cela par toi-même. Tu verras que je n'invente pas à propos du vrai Néhémie et de ce qu'il y a dans la Bible. Si le cœur t'en dit, tu pourras aussi lire l'histoire, tout aussi véridique, du livre perdu que l'on a retrouvé dans le temple à Jérusalem. Il s'agissait du rouleau de la loi donné par Dieu à son peuple par l'intermédiaire de Moïse. Pour l'avoir délaissée, méprisée, oubliée et perdue, le peuple d'Israël a connu bien des épreuves et des malheurs. Aux temps du roi Josias, le précieux rouleau fut retrouvé. C'est ainsi que le roi et ses conseillers comprirent qu'ils s'étaient tous éloignés de la volonté de Dieu et l'avaient payé bien chèrement. Ils consultèrent alors la prophétesse Hulda qui confirma les jugements divins en raison de leurs infidélités mais aussi la grâce qui est offerte à quiconque reconnaît ses fautes et s'en humilie devant Dieu. Ce passage se trouve notamment au chapitre trente quatre du deuxième livre des Chroniques. C'est toujours dans l'Ancien Testament. Tu vois, il y a bien des choses intéressantes, captivantes et utiles dans cette première partie de la Bible. Je vais m'arrêter là. Je crois que tu as déjà matière à réflexion si tu veux approfondir la chose. Je t'encourage à rechercher la vérité dans ta Bible – souviens-toi de celle que tu as justement reçue à l'école du dimanche – et reviens ensuite m'en parler. Tu peux aussi faire lire le roman à tes sœurs.
  • Pas question! C'est mon histoire. Tu l'as écrite pour moi.
  • Non, Joachim, elle est pour tous, pour tes sœurs, comme pour tous ceux et celles qui se plairaient à la lire et à y rechercher plus que ce qui s'y trouve. Tu leur feras lire?
  • Je verrai bien!
  • Bon! Je te souhaite une bonne semaine et de meilleures nuits que celle de ton personnage.
  • Pour ça, il n'y a aucun danger. Je dors comme un loir.
  • Tant que tu n'hibernes pas comme ce petit mammifère, cela ira. Ne t'endors pas sur mes paroles et surtout sur celles de la Bible.
  • OK, j'ai compris. Je ferai peut-être un effort pour lire et réfléchir, mais je ne promets rien. On est d'accord?
  • Je suis d'accord.

La semaine passe, la suivante aussi... l'oncle Tim est triste de ne plus avoir de nouvelles de son neveu qu'il n'oublie pas ainsi que toute sa famille. Ce matin, il regarde par la fenêtre les feuilles tomber des arbres et virevolter au grès des bourrasques de vent. Elles bougent, dansent, mais, en fait, elles sont mortes et finiront par s'entasser les unes sur les autres en attendant d'être rassemblées et débarrassées. Brusquement, la porte s'ouvre et avant même qu'une feuille ait eu le temps de s'introduire dans la maison, Joachim la referme, tout essoufflé, et se précipite vers la table de la cuisine.
  • Oncle Tim, je ne t'ai pas oublié!
  • Moi, non plus, mon cher Joachim. Moi, non plus!
  • Si j'ai attendu un peu avant de venir te voir c'est qu'il m'a premièrement fallu quelques jours avant que je ne me décide à ouvrir ma Bible. Tu sais, cela a été dur.
  • Je sais!
  • Mais après... cela a été plus facile. Je n'ai pas tout compris mais je dois t'avouer que j'y ai pris un certain plaisir.
  • Moi, aussi, malgré mon âge et mon expérience en la matière, je ne comprends toujours pas tout, mais j'ai de plus en plus de plaisir à lire la Bible, à la méditer et à la mettre, tant bien que mal, en pratique dans ma vie de tous les jours.
  • Bref, laisse-moi parler. J'ai pas mal de choses à te dire.
  • Je t'écoute.
  • Ton histoire sur le seigneur rouge, c'est vrai, elle m'a bien plu. Je l'ai relue et, après tes explications, elle m'a fait réfléchir. Seulement, je n'ai pas non plus tout saisi ce que tu as probablement voulu me dire. Je reste sur ma faim. Il y a trop de zones d'ombre, trop de non-dits, trop de questions quant aux personnages et à leur histoire. Tiens par exemple, Bèdia, quel homme est-il exactement? Que devient-il dans cette aventure? On ne sait pas. Est-ce qu'il a menti? Est-ce qu'il n'a pas tout dit? Quel pourrait être son rôle? J'aimerais qu'on en dise plus à son sujet.
  • Oh! je vois, tu veux poursuivre l'histoire. Tu veux reprendre le rôle de l'auteur, de celui qui tient les ficelles en quelque sorte.
  • Oui, c'est ça! J'aimerais qu'on écrive la suite. Et pour celle-ci, j'ai déjà plein d'idées. Je les ai notées dans ce carnet. Voilà, disons que dans le chapitre suivant, je me réveille en me souvenant d'un endroit étrange avec un chien. Le soir-même, j'y retourne et je retrouve le chien blessé à côté de son maître qui lui est bel et bien mort. Il s'agirait du bibliothécaire du roi qui aurait caché des autres livres pour que le roi ne les trouve pas et ne les utilisent pas. L'un d'eux serait un livre de guerre avec les plans pour construire de très grands trébuchets. Un autre serait l'histoire qui prouverait l'existence, aux confins de l'empire, d'un mangeur d'ancre en même temps qu'un mangeur d'encre. Je m'explique! Voyant la folie destructrice des hommes et le fait que son île soit devenue une terre désolée sans arbre, à cause de la déforestation due à la constructions d'armes de guerre, le jeune serviteur d'un bon magicien aurait apprivoisé un monstre marin pour qu'il mange les ancres des bateaux afin que ceux-ci ne puissent plus accoster l'île où on aurait replanté des arbres et où un édit serait promulgué avec l'interdiction de couper ne fut-ce qu'un arbre sous peine de mort. Mais comme il n'y aurait plus d'arbres à couper, on ne pourrait plus faire de papiers et de livres. Le monstre serait aussi une sorte de mangeur d'encre parce qu'il détruirait aussi tout objet en relation avec le bois, et donc les livres imprimés. Il se nourrirait de toute l'encre qui se diluerait dans l'eau à la suite du rejet à l'eau de tous les livres de la région. Et, chose incroyable, la connaissance et les savoirs contenus dans ces livres rendraient ce monstre marin de plus en plus intelligent. Qu'est-ce que tu en penses, oncle Tim?
  • Excuse-moi, mais je dois t'arrêter. Tu vas trop loin. Je ne suis pas contre que tu veuilles étoffer cette histoire ou même en écrire d'autres, mais prends garde à ne pas tout mélanger.
  • Qu'est-ce que tu veux dire?
  • L'imaginaire, la vie, la foi, la magie. Parce qu'il s'agit bien de cela, la magie! J'ai pris garde à ne pas en mettre dans cette aventure, même, si je te le concède, j'ai usé de l'imagination humaine. Cependant, bien que le monde de Bèdia et du seigneur rouge n'existe pas, j'ai pris soin de ne pas y introduire de magie car elle vient du diable et Dieu la condamne fermement, non seulement son utilisation mais aussi le plaisir que l'on peut prendre à se renseigner où à lire sur elle.
  • Oui, mais, dans le cas de ce monstre et du jeune homme, cela serait de la magie blanche pour contrecarrer le seigneur rouge et sa magie noire.
  • Joachim, il n'y a pas de bonne et de mauvaise magie! Il n'y en a qu'une! Tu ne peux pas croire qu'une pseudo-magie blanche existerait pour annihiler les effets d'une magie diabolique. Satan ne peut pas se combattre lui-même sous peine de se détruire. Et comme la magie vient de lui et de ses agents, il essaie une fois de plus de tromper les humains, de leur faire croire à l'utilité d'une bonne magie. C'est faux! C'est un mensonge de plus de sa part.
  • Tu ne me comprends pas, Oncle Tim.
  • Si, mais je dois t'avertir qu'il est très dangereux pour toi de t'engager dans cette voie. Si j'ai contribué à cela, je te demande pardon et je m'en humilie devant Dieu. Je ne pensais pas que tu allais prendre la chose de cette manière. J'en suis vraiment navré.
  • Je suis déçu.
  • Je comprends.
  • Non, tu ne me comprends pas. Tu me déçois.
  • Excuse-moi si je t'ai fait du mal.
  • C'est trop tard.

Les épaules baissées, le dos tourné au jardin de l'oncle Tim, l'adolescent rentre chez lui avec son enthousiasme étouffé et l'amertume au bord des lèvres. Il faut alors bien des jours pour qu'enfin il ouvre à nouveau sa Bible et y découvre des paroles et des histoires qui, peu à peu, éveillent en lui un intérêt pour la foi. Plus, il lit et plus il sent en lui un besoin de parler à Dieu, de réfléchir sur sa vie et le sens qu'il doit lui donner. Au « hasard » de ses lectures, il croit discerner une allusion ou l'autre contenue dans le roman de son oncle. Toutefois, l'essentiel n'est pas tellement de chercher à lire entre les lignes de cette histoire imaginée mais bien de trouver, dans la Bible, cette saveur, cette force, cette paix, cette sagesse que seules les vérités divines apportent à l'âme assoiffée des vraies richesses et avide de la seule connaissance qui sauve et enrichit selon Dieu. C'est ainsi que la sourde colère de Joachim à l'encontre de son oncle, mais pas seulement de lui, parce qu'il réalise maintenant que son problème est bien plus profond et complexe que cela, disparaît progressivement à mesure qu'il lit plus ou moins régulièrement la Bible.

Ce matin, il lit le psaume trente-trois, le fameux psaume, quand July-Anne vient s'excuser d'avoir lu le roman qu'elle avait trouvé, dans sa chambre, deux jours auparavant. Elle avait bien vu qu'il appartenait à son frère avec la dédicace de l'oncle Tim à l'intérieur. Mais, comme celle-ci était aussi dédiée à ses nièces, elle avait pris la liberté d'emprunter le livre.
  • Tu ne m'en veux pas?
  • Non! Je suis même content que tu aies lu cette histoire. Qu'est-ce que tu en penses?
  • J'ai apprécié, enfin pas tout. Je trouve que je n'y ai pas un beau rôle.
  • A toi aussi!
  • Tu en as parlé avec l'oncle Tim?
  • Oui.
  • Et alors?
  • On ne s'est pas compris et je ne l'ai plus revu depuis des mois.
  • C'est bête!
  • Tu as raison.
  • Qu'est-ce qu'on fait alors?
  • Je sais pas.
  • Je me souviens comme nous aimions aller chez lui quand nous étions petits. Cela fait bien longtemps que papa et maman ne vont plus chez lui, depuis...
  • Depuis qu'on ne va plus à l'église.
  • C'est ça, depuis qu'on ne va plus à l'église.
  • Et tu sais pourquoi?
  • Non, en tous cas, c'est aussi depuis ce temps que le livre est perdu dans cette maison.
  • De quel livre parles-tu?
  • De la Bible.
  • Non, il y en a encore plusieurs à la maison. J'ai toujours la mienne dans ma chambre et je sais que maman en a rangé une dans le buffet de la salle-à-manger, là où elle met son beau service, celui qui ne sert jamais. Elles ne sont donc pas perdues, si c'est ce que tu crois.
  • Quand je dis perdu, je me comprends.
  • Attends un peu, je vais chercher la Bible de maman.
  • Pas besoin, j'ai la mienne.
  • Ah! tu vois, tu as aussi encore la tienne.
  • Je vais quand même la chercher. J'aime bien fouiller dans ses affaires.
  • Curieuse!
  • Oui! C'est parfois bien de l'être.

Quelques minutes et pensées plus tard, Joachim voit sa sœur revenir toute émoustillée.
  • Regarde, il y a une photo de mariage des parents. Comme ils ont l'air jeunes et amoureux!
  • Plus minces aussi!
  • Maman serait contente si elle t'entendait!
  • C'est pourtant la vérité.
  • Oui, mais je les aime bien comme ils sont, même si je les trouve parfois un peu dépassés.
  • Un peu ringard, quoi!
  • Je n'irai pas jusque là... je dirai aussi un peu tristes.
  • Et pourquoi sont-ils tristes?
  • Ils ont peut-être des soucis d'argent, des problèmes au boulot, des trucs de ce genre.
  • J'ai peut-être une idée.
  • Laquelle?
  • Ce gros livre, leur Bible, ils devraient peut-être le sortir de l'ombre et le lire à nouveau.
  • Tu es sérieux?
  • Je n'en ai pas l'air?
  • Si, mais tu m'inquiètes. Je ne t'ai jamais vu aussi grave. Tu n'es pas malade?
  • Non, je dois même t'avouer que je me sens de plus en plus calme, plus heureux, depuis que je lis la Bible.
  • Tu lis la Bible!
  • Oui. Qu'est-ce qu'il y a de bizarre à cela?
  • Rien. Je suis simplement étonnée. Ce n'est pas ton genre de lecture.
  • Eh bien! Je change. J'évolue.
  • Je vois. Je vais donc te laisser à ta lecture.
  • Tu peux rester encore un moment. Tu ne me déranges pas. Cela me fait plaisir que tu sois là.
  • Oh la la! Voilà que tu te mets à parler, à t'ouvrir. Il y a vraiment du changement dans l'air!
  • N'imagine même pas que tu vas en profiter.
  • Ah! ça, c'est mon frère. Il est toujours là.
  • Oui, mais, crois-moi, je suis aussi sûr que cela te ferait du bien de lire la Bible de ton côté.
  • Je vais y réfléchir.
  • Pas trop longtemps, alors!
  • Pourquoi?
  • Parce que tu risques de passer à côté de plein de bonnes choses. Tiens! Voilà, j'ai une proposition à te faire. Demain, nous irons rendre visite à l'oncle Tim. Qu'est-ce que tu en dis?
  • J'en dis que c'est une bonne initiative!

Le lendemain, après l'école, le frère et la sœur, ayant suivi leur idée, sont confortablement assis dans le salon de leur oncle.
  • Les enfants, qu'est-ce que je suis content de vous voir. Comme tu as grandi, July-Anne! Tu es maintenant une jeune fille!
  • Nous sommes aussi heureux de te revoir, oncle Tim. Je voulais te remercier pour l'histoire que tu as écrite pour nous. D'ailleurs, je la passerai à Justine pour qu'elle puisse aussi la lire.
  • Je voulais simplement vous inciter à lire la Bible.
  • Je l'ai compris, c'est pour cela que j'ai apporté la Bible de maman.
  • Cette Bible! C'est celle de tes parents, pas seulement de ta maman, mais aussi de ton papa. Je la reconnais bien. Ils l'ont reçue le jour de leur mariage et notre père, à votre papa et à moi, avait inscrit un verset à la première page. Regardez!
  • Mais c'est le dernier verset du psaume trente trois! Tu savais que ce verset était là.
  • Oui, Joachim, je le savais. Ce qui valable pour vos parents, l'est aussi pour vous. C'est pour cette raison que je l'ai mis dans le trébuchet du seigneur rouge, tout à la fin. On peut mettre ce verset au début d'une vie de famille comme à sa fin, au début d'une nouvelle aventure comme à son dénouement. D'ailleurs en parlant de dénouement, j'ai, les enfants, trop tardé à aller parler à vos parents. Il est temps que nos relations reprennent, que la Bible soit à nouveau au centre de votre vie de famille, mais aussi de mes actions. Lire, prier, aller à l'église ne suffit pas! Il faut que je me lève de mon divan et que je mette mes chaussures de paix. C'est une image...
  • On a compris, oncle Tim. On serait si heureux de te voir à nouveau à la maison. On en a tous besoin!
  • July-Anne, c'est promis! Je vais tout faire pour que Dieu puisse remettre tout à sa place, la Bible et tout le reste!



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